MISAE + font danser notre race humaine sur la descente à reculons.

belle enfanceDes cris résonnent dans la pièce immaculée de blanc. Des gens s'affairent autour de la nouvelle génitrice. Je venais de naître presque tranquillement si l'on omettait le fait que je souffrais de ce changement de sphère, passant de l'intérieur d'un corps chaud et consolateur à celui du monde extérieur, un milieu bien différent de ce que j'avais connu jusqu'à maintenant. Un monde dans lequel je devrais dorénavant me développer, me concentrer. Univers où il faut se battre, donner des coups de dents et des coups de griffes. Défendre sa nouvelle place acquise. Prouver que l'on avait le droit à la vie, à la survie. Néanmoins, je ne pouvais me plaindre de ma nouvelle condition acquise. Je venais de choisir une famille plus que respectable, riche dans tout les sens du terme, avec des parents aimants qui firent tout pour que je puisse me retrouver parmi la plèbe. La plèbe la plus respectable. Si donc à l'heure actuelle je me lamentais de mon sort, les gémissements provoqués par la torture de la fraîcheur glaciale de l'oxygène caressant ma peau de porcelaine, cela ne fut que quelques maux futiles qui, bientôt, ne seront que les réminiscences d'un passé perdu.

sous les projecteursLe temps passe, je grandis, mon corps change, ma personnalité aussi. Je continue néanmoins de baigner dans l'aisance que procure la situation de mes parents. C'est d'ailleurs grâce à eux que j'ai pu atteindre les hautes sphères. Me faire repérer par des personnages importants ; notamment par un homme issu d'une agence de mannequin. Malgré tout les postes qui s'offrirent à moi, c'est naturellement que j'avais accepté sa proposition, charmé par ses mots, ses promesses. Et je fus d'autant plus enjoué lorsque je compris qu'il disait vrai. Voyager, être mitraillé par les appareils photos de ces hommes et de ces femmes qui vous admirent, vous considèrent comme une déité vivante, personnification de la beauté alors que moi-même, je n'arrivais pas à réaliser que cela puisse m'arriver. On m'avait tendu un plateau d'argent et je m'étais tout simplement servi dedans. Cela avait été tout bonnement facile. Bien sûr, cela ne voulait pas dire que je devais tout laisser faire. Être mannequin avait ses exigences ; notamment se laisser maigrir jusqu'à ce que les côtes deviennent saillantes, prête à percer l'épiderme. Libérer les organes.

dure carenceMes vieux voyaient d'ailleurs très mal cette occupation. En effet, si au départ, ils étaient fiers du fait que je puisse gagner en notoriété, ils remarquèrent à quel point les restrictions devaient être dur à supporter. Du jeune garçon vivace dans un corps sain, je donnais soudainement la sensation d'être maladif, mon squelette creusant peu à peu au cours des mois, se faisant plus visible tandis qu'il m'arrivait également souvent de sombrer dans l'inconscience, ratant d’innombrables repas. Cette situation qui, au départ, semblait ne pas vraiment poser de problème, fut un sujet qui fut de plus en plus débattu durant les quelques moments que je pouvais partager avec mes parents. S'emportant quelques fois, rien ni personne ne pu m'empêcher pourtant de perdurer dans cette voie, y ayant toujours trouvé une occupation plus qu'enrichissante, ne me voyant occuper un autre métier. Aussi, mes parents trouvèrent une bien heureuse idée ; Celui de partir en vacances, me faire valoir autre part, m'engager dans une association, tendre la main aux plus pauvres. Je me disais donc que c'était l'occasion de me faire de me faire connaître d'avantage de part mes actions. Pourquoi pas tirer une certaine inspiration ? Sans réfléchir, je m'étais jeté dans la gueule du loup.

la main sur le cœurPourquoi avais-je voulu venir ici ? Pourquoi ils m'avaient demandé de venir ici ? Était-ce un piège ? Est-ce qu'ils étaient au courant de la malédiction qui plane sur la ville ? Non. Ils ne pouvaient pas faire ça. Tout ce qu'ils avaient désiré, c'était de me venir en aide. Ils ne me voulaient pas de mal. Cela aurait été stupide. Même si cela avait eut son effet. Je ne pourrais plus retrouver l'agence et les défilés. Je ne pourrais plus m'exhiber devant une foule admirative. Je ne pourrais plus profiter de mon métier. Je ne serais plus riche. On m'a déjà volé. Est-ce que je leur en veux ? Je ne sais pas. Tout ce qui grouille ici ne sont que des images de ce que l'humanité a de pire et de ce qu'elle peut exprimer. Je pensais un moment qu'ils ne méritaient plus d'être sauvé. Moi qui m'était condamné pour leur salut. Qui souhaitait tout bonnement avoir un but plus louable dans la vie que d'être un pantin sur lequel on appose des vêtements. Et puis, j'ai découvert cette petite communauté qui m'a tendu les bras que mon moral était au plus bas. Je ne comprenais pas leur intérêt à m'intégrer alors que je ne pouvais rien leur apporter. Même en jouant les touristes ici, j'y trouvais mon compte. Les hippies sont ce qu'il y a de meilleur. Ils sont des gens sur lesquels, je peux affirmativement compter. Mais eux aussi, ils peuvent dorénavant obtenir ma confiance. Un pilier sur lequel se poser. Un soutient plus que nécessaire en plus de la drogue afin de tenir pendant quelques temps. Qui sait, quelques années.