PLAT DU JOUR C'est presque joli, là, sur le bord du fleuve, le toit de paille et puis les petites tables. Quelque chose de petit, et pourtant d'agréable, oui. Une belle odeur qui s'élève dans les airs, un souffle frais de nourriture, et puis un sourire, sur les lèvres. C'est doux, presque gourmand, les repas que l'on peut prendre, dans les environs. Toujours gratuits, pour aider les gentils gens. Un baume sur les cœurs, presque, dans ce néant de saleté qui désire nous pourrir.

LE BEL ENDROIT On le trouve ici, le marché sensé ; peut-être, certes, certains objets ont été volés, certaines personnes ont été pillées, mais à quoi bon se tourmenter ? Situé sur un quai, un peu au dessus de l'eau, au milieu des longues herbes imbibées, voilà le marché. On ose croire, un bref instant, que tout est normal. On sourit, là, tout bonnement aux gens, on est presque gentil, le cœur doux, pendant un instant. On donne un petit objet, une pomme à un enfant, contre un bracelet finement et joliment fait. On sourit aux pêcheurs, pour quelques poissons.

LE PORT TANGUANT Ils sont là, les bateaux brisés, les carcasses qui sont là, à naviguer. Un petit lien avec la société ; c'est ici que les pirates s'installent, que certains vivent, même. C'est ici que les pêcheurs se posent, un bref moment, pour nettoyer leurs poissons, ou bien les vider. On sent la chair, pose pieds parfois sur des restants d'entrailles. On fait attention, surtout, pour que les enfants ne se fassent pas mal.

FILAMENT DE MALHEUR Silencieux, les pirates, sur les eaux. Endormis, les pêcheurs, canne à la main. Le fleuve coule lentement, devient brusque, soudainement, mais c'est un trésor pour les gourmands. Pauvres petits villages avoisinants, pauvres idiots qui n'ont pas encore compris ce qui les attend; ils sont là, les gourmands, pirates des nouveaux temps, ils posent pieds rapidement sur le sol, prennent biens et présents, volent tout ce qu'ils peuvent, qu'importe le temps. Fleuve, long et glissant, porteur de malheur, annonciateur de terreur.

CABANES DE BOIS L'âme chantonne encore, au coeur des demeures ; le bois des maisons, là, finement lié à la faune. Figées dans le temps, elles n'ont pas changé, avec les années, les douces cabanes de bois. Elles se multiplient, même, là, lentement mais surement, avec l'aide des gens. Petit bout de paradis, là, au travers du temps, un petit sentiment de sécurité, peut-être, pour faire croire, du moins un instant, que rien n'a changé.