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| ( #) Sam 11 Jan 2014 - 16:55 carmin lurdes rocha âme égarée Héritage Infortuné ♆ Rocha, nom du fier, nom du droit, nom qu'on doit perpétuer, qu'on aurait du, qu'on devrait, au plus grand malheur du père. Il en fier de son nom, de son héritage inexistant, de son petit bout de terre qu'il cultive avec grand soin. Rocha l'orgueilleux, qui a cessé de s'enorgueillir quand l'aîné est parti. Peut-être que le nom aussi est maudit ; trop sali pour être purifié, mais le paternel ne le sait pas, trop ancré dans sa vision utopique d'un monde créé par le tout-puissant à qui l'on se repend, pourvu qu'il nous reprenne. Appellation aux Origines Contrôlées ♆ Lurdes, c'était classiquement le prénom de l'arrière grand-mère, une femme forte et volontaire à en croire papi, mais du temps où elle était encore parmi les vivants, jamais personne n'a remarqué ces traits de caractère. Lurdes c'était la femme-objet par excellence, qui tricotait dans son coin et ne parlait que lorsqu'on l'autorisait. Elle était douce et naïve, sans âge, elle aimait les gens et les gens avaient du mal à lui rendre la pareille. Carmin, c'est maintenant. Proche du cliché de prénom latin, destiné à se fondre dans la masse tout en étant original. Un prénom éclatant pour une fille fade. Qui appelle au vif, à la passion, au vice. A voir... C'était mieux avant ♆ 20 ans d'errance a ne pas savoir penser par soi-même, à écouter les autres parler et ne pas se faire d'opinion. Première Bouffée d'air ♆ la première bouffée d'air, elle était pas encore polluée, pourtant c'était bel et bien ici, déjà. Les Rocha sont sédentaires, pour la plupart, personne ne bouge sauf s'il le faut vraiment. On se contente de rêver d'évasion et d'écouter les histoires qui se racontent de ce qu'il y a en-dehors. Sauf l'aîné, qui endosse ses responsabilités et part de l'avant. Ce n'est pas le cas de la fade Carmin, qui obéit sagement. La première bouffée d'air, c'était un soir d'hiver, pas de déluge annonciateur d'une vie chaotique, pas de rayon de soleil divin prévoyant un miracle, et pourtant... Papa et Maman ♆ Papa et Maman ils viennent d'ici et de là, mais surtout d'ici. Il y a un peu de sang venzuelien dans les veines, à ce qu'il paraît. Pourquoi est-ce qu'ils sont partis, pourquoi ont-ils quitté Bolivar et Chavez pour la misère sociale et l'indifférence, c'est une question qui ne se pose plus. On ne sait même plus qui dans la famille a déposé ce sang. Et pour ce que ça offre... Quelques idées renforcées ; Yankee go home, mais nous laisse pas tomber totalement non plus. Dans mon lit ♆ quelle question, il n'y a qu'une seule orientation possible, d'après ce que dit papi. Les autres ont perdu la foi et iront en enfer, à ce qu'il paraît, il faut pas trop rire avec ça. Il n'empêche que la loi autorise d'autres façons de penser, alors c'est assez étrange. Degré de solitude ♆ en attente d'une réponse divine avant de se lancer dans quoi que ce soit. Tromper l'ennui ♆ Chaque jour, il faut aller voir où en sont les légumes ; s'en garder une partie et descendre au marché du village pour vendre le peu de reste que l'on a. Certains appellent ça paysan, agriculteur, maraîcher ; d'autre nomment juste ça survivre. Tombé dans le trou à rat ♆ Depuis la naissance, jusqu'à la mort, apparemment. La nouvelle famille ♆ errant. au-delà des dunes Joli prénom ♆ Maude. Pseudo pas beau ♆ mischievous wink Nombre d'hivers endurés ♆ en vrai j'suis née au printemps (18) Pierre précieuse préférée ♆ lapis-lazuli ; certes c'est une semi, mais voilà... Compagnie de voyage ♆ euuuh les admins, en gros (+bazzart). Mot doux ♆ Degré d'addiction ♆ très variable. Sésame ouvres-toi ♆ OK PAR CLEB Tête de cochon ♆ Dalianah Arekion Remerciements ♆ (crédits des images) bannière de tumblr, avatars de mumford Mot d'amour en plus ♆ trouverais-tu cruel que le doigt sur la bouche je t'emmène, hors des villes en un fort, une presqu'île oublier nos duels nos escarmouches nos peurs imbéciles
on irait y attendre la fin des combats jeter aux vers, aux vautours tous nos plus beaux discours ces mots qu'on rêvait d'entendre et qui n'existent pas y devenir sourd
il est un estuaire à nos fleuves de soupirs où l'eau mêle nos mystères et nos belles différences j'y apprendrai à me taire et tes larmes retenir au long de plages de silence ▲ LES INNOCENTS day after yesterday Le vent souffle, aujourd'hui. Carmin se dresse sur ses pointes de pieds, comme pour l'écouter. Il ne parle pas, le vent. Ou alors elle ne parle pas le vent. Elle tend les bras, rêve de s'envoler, qu'un soleil différent réchauffe sa peau déjà tannée, qu'un nouveau paysage défile sous ses yeux lassé de voir toujours le même. Elle perd l'équilibre. Le vent n'emporte déjà pas le gaz, ce n'est pas lui qui va l'emmener ailleurs. Elle soupire, se résigne, regarde autour d'elle. Fixe l'horizon, comme si ses eux clairs pouvaient lui permettre de voir ce qu'il s'y passe de l'autre côté. Toujours rien. Chaque jour il se passe quelque chose de nouveau au village, pourtant elle à l'impression d'étouffer, de refaire chaque jour la même journée. Des fois elle se demande si, sans le gaz, en ayant la possibilité de partir, elle l'aurait fait. L'honnêteté laisse comme une douleur dans son esprit, parce que non, elle ne serait surement pas partie. Elle aurait eu une impression de liberté faussée, c'est tout. Alors, elle tourne les talons de ses chaussures usées et elle redescend vers la maison. Il y a encore les fruits et légumes à cueillir, les cagettes pour le marché à remplir. Ecouter son père déblatérer, l'écouter sans cesse, et ne pas savoir quoi penser. Alors, ne rien changer. C'est peu-être ça, son problème, à Carmin. Elle n'a toujours fait qu'écouter et trop réfléchir, pas assez agir. Avant, elle était enfant. Maintenant, ça devient un peu plus embêtant. Elle en a conscience, de ça. Carmin, tout le monde pense que ce n'est qu'un paysanne qui ne réfléchit pas, pas assez, qui ne suit que les paroles et les pensées de son père. Au contraire, le problème, c'est peut-être qu'elle pense trop, justement. Carmin elle aurait aimé voyager, faire de la philosophie, découvrir milles et unes façons de vivre. Or, elle est coincée là, avec son besoin de tout voir, tout comprendre, tout entendre. Des fois, elle se dit que le gaz finira par l'asphyxier.
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| ( #) Sam 11 Jan 2014 - 16:56 there is no escape
l'étrange Trouver que c'était un pouvoir, c'était pas évident, au départ. Les gens se disaient qu'avec le gaz, la végétation était surement plus fertile, ça poussait plus vite, et les Rocha avaient toujours travaillé la terre, ils avaient bien du savoir s'adapter avant les autres. Au final, le père Rocha s'est rendu compte de ce qu'il se passait lorsque d'autres personnes ont eu leurs dons et qu'après deux semaines où Carmin ne s'occupait que du marché, les récoltes ne donnaient plus rien. Alors la jeune fille, tous les matins, enfoui ses mains dans la terre, là où les graines ont été plantées ; elle caresse doucement les légumes déjà légèrement épanouis, et dans la journée, ils seront beaucoup plus avancés que la normale. On ne voit pas les arbres grandir d'un coup juste parce qu'elle les effleure, bien sûr, mais ça a certains avantages. Et des inconvénients, aussi, comme le désherbage quotidien ; et ses mains qui s'usent, elles n'ont jamais été belles, ses mains de paysanne, à Carmin, mais elle est jeune fille et déjà ses mains semblent avoir le triple de son âge. Par chance, Papi voit ça comme un signe divin. Il ne voit pas ça pour tout le monde, aussi Carmin remercie chaque soir sa bonne étoile pour ça. Certains ont des dons bien plus effrayants, qui sont donné par le diable, selon lui. Alors, être engrais ambulant, pour lui c'est un cadeau de son Dieu pour pouvoir s'en sortir, sa façon à lui de dire qu'il est là, qu'il ne nous laisse pas tomber, et qu'il ne puni pas la douce et innocente Carmin mais surement quelqu'un d'autre.
(c) mumford
| São Poeira C'est le désaccord total avec l'idéologie paternelle. Les Rocha sont ici depuis des décennies, peut-être des siècles, mais qui s'en soucie ? C'est pas comme si mineur ou paysan ça donnait une quelconque notoriété, dans le coin. Papi a beau dire qu'en 50 ans de vie dans cette ville, il a jamais vu de jeunes gens aussi désagréables, d'histoire aussi morbides et autres, ce ne sont que des paroles. Carmin, elle déteste devoir rester là à ne rien faire. Elle voudrait se perdre dans la forêt, voir des couleurs d'ailleurs, courir sans savoir où aller ; tout ça juste pour voyager. Mais on lui en donne pas le droit. Avant, c'était interdit. Maintenant, ce n'est plus possible. Elle attend toujours les récits des aventures de son frère, elle attend que quelqu'un lui propose d'aller voir un petit bout de pays, peu importe si on laisse son corps et son âme, ça vaudra toujours le coup d'aller voir. Mais personne ne le fait ; c'est trop risqué, certes, mais surtout personne n'a envie d'inviter la pieuse, la sainte-nitouche, la coincée à partir avec lui. Alors elle reste là, n'osant pas haïr sa famille pour l'avoir gardée avec eux, n'osant pas pleurer son frère qui ne donne pas de nouvelles de l'extérieur, ne voulant pas s'apitoyer sur son sort. Se disant que ça pourrait être pire, et que, elle n'a jamais rien connu d'autre qu'ici, comment est-ce qu'elle pourrait trouver ça moins bien que quelque chose d'autre ? Elle ne semble pas y penser, et pourtant elle en rêve, de s'évader.
(c) mumford |
Emmène-moi danser Dans les dessous Des villes en folie Puisqu'il y a dans ces Endroits autant de songes Que quand on dort Et on n'dort pas Alors autant se tordre Ici et là Et se rejoindre en bas Puisqu'on se lasse de tout Pourquoi nous entrelaçons-nous ? (...) Allez enfouis-moi Passe-moi par dessus tous les bords Mais reste encore Un peu après Que même la fin soit terminée ▲ NOIR DÉSIR master pretender Enfant, Carmin passait son temps à poser des questions, trop de questions, de sa petite voix fluette et ses grands yeux curieux. C'était une gamine un peu chiante, pas vraiment collante mais toujours dans les pattes de l'un ou de l'autre, à demander pourquoi. Elle aurait aimé tout comprendre d'un coup, apprendre quelque chose à son tour à quelqu'un et en connaître encore plus. Chaque réponse soulevait sa nuée de question et elle n'en avait jamais assez. Elle courrait à travers champs en essayant de ne pas abîmer les plantes, en essayant de ne pas salir sa robe, et puis elle oubliait sa retenue et rentrait chez elle épuisée, à bout de souffle, des feuilles dans les cheveux et de la poussière plein le visage. On disait d'elle qu'elle irait loin, en riant un peu. A cette époque, elle prenait ça pour un compliment. Maintenant, elle n'entend plus que les rires entre lesquels cette phrase avait été soufflée. Ils s'étaient bien foutus d'elle.
On aurait pu faire un documentaire, sur elle. L'étude de l'humaine pauvre normale ; histoire d'amuser les gros américains du Nord devant leur télé. "La petite fille, âgée de six ans, se déplace pieds nus jusqu'à la place du marché. Ici, elle y attend qu'un individu soit attendri par sa façon de trier les fruits et donne un peu plus d'argent que nécessaire, ce qui influencera son développement futur. Jusqu'à l'âge adulte, elle répétera les mêmes gestes inlassablement des milliards de fois, et ne le saura même pas." Intéressant. Pitoyable, mais empli de vérité. Mais Carmin ne sait pas, elle, elle a jamais su que le monde, c'était pas que ça. Elle l'a appris, ouais, vers ses six ans, surement, parce qu'Ernesto était encore là, et qu'avec arrogance, il lui parlait de ce qu'il connaissait. C'est pour ça qu'elle l'aimait autant, son frère ; lui, il aimait montrer son savoir et son intelligence, mais les gens s'en foutaient, se foutaient de lui, alors tant pis, il tournait les talons et allait voir Carmin. C'était qu'une gosse, mais bon sang que les adultes peuvent être cons. Papi, lui, il a toujours été fier de ses enfants. De Carmin, un peu moins. Oh, il faut le dire, il pense pas qu'elle sera très utile, plus tard, déjà petite elle posait des questions sur tout et n'importe quoi, c'est pas ça qui fait pousser les plantes. Ernesto, un peu plus. Ernesto, il n'a que quatorze ans et il connaît déjà pas mal de choses. C'est sûr, ça les énerve les autres, de voir qu'un môme en sait plus qu'eux. Il parle beaucoup, un peu trop, surement, et il comprend pas tout de suite quand on lui demande de se taire. Papi, il dit à Carmin qu'Ernesto l'énerve, des fois, et qu'elle a intérêt à être plus docile que lui. Parce que certes, la mine ça paie pas, les récoltes non plus, mais on va pas se plaindre, bon dieu de bon dieu. Mais Carmin adore Ernesto, plus que son papi, des fois, parce que comme disent les autres, le père Rocha est pas toujours commode et il n'en fait qu'à sa tête. Ernesto aussi, mais il a l'excuse d'être jeune. Carmin elle trouve ça chouette, que son frère veuille aller voir là-haut, de l'autre côté de la mer, si c'est aussi paradisiaque que ça. Elle voudrait qu'il l'emmène avec elle, d'ailleurs, qu'ils voguent ensemble sur l'océan, comme quand elle était encore plus petite que maintenant et que c'était pas trop gamin de jouer avec elle. Alors elle boude, ses yeux bleus se peignent de tristesse quand les parents lui disent que non, hors de question qu'elle parte. Déjà que pour Ernesto, c'est pas demain la veille qu'il partira, dit Papi, il y a du travail à la mine, c'est déjà bien, c'est déjà ça. Si on est ici, c'est qu'il y a une bonne raison.
Ernesto est parti, finalement. Pour une fois, Mama a haussé la voix. Qu'il y aille, s'il veut, il est jeune, il a le temps, il pourra revenir, c'est pas parce qu'eux ont raté leur jeunesse qu'ils doivent gâcher celle de leur fils. Aujourd'hui Carmin se dit que sa mama pensait que ça serait temporaire. Elle savait qu'Ernesto resterait sur ses idées et qu'il n'en démordrait pas, quitte à pourrir l'ambiance familiale. Ernesto est parti, une liste de contact dans la main, un peu d'argent et quelques vêtements dans l'autre, pour aller voir si ailleurs, c'était mieux. Il a promis qu'il enverrait de l'argent et des lettres dès qu'il pourrait ; il était fier, il était ambitieux, il était persuadé que ça irait. Des milliers d'autres l'avait fait avant lui, pourquoi ça ne marcherait pas ? Et Carmin qui apprenait à lire était ravie. Elle s'imaginait découvrir des paysages d'ailleurs au travers des lettres de son frère, elle voyait déjà l'esquisse d'un nouveau pays lorsqu'il lui parlait de ses projets. Elle, elle savait qu'il allait pas revenir tout de suite. C'est une intuition enfantine, une clairvoyance aveugle. Parce qu'elle y croyait, la petite, à ses longues lettres pleines de voyage et de poésie. Les mois ont passé. Lentement, dans l'attente d'un signe de vie, d'une quelconque nouvelle. Papi a commencé à s'agenouiller tous les soirs à côté de son lit pour prier. Oh, il a toujours été croyant, mais avant il ne priait qu'a la messe des dimanches, dans son beau costume et ses vieux souliers vernis. Carmin n'aimait pas ces dimanches. Il fallait rester en place trop longtemps, ça faisait mal aux genoux et il ne fallait pas salir sa belle robe blanche au risque de déshonorer la famille. Avant, ils riaient et jouaient discrètement, au fond de l'église, sous l'oeil sévère de leur Mama qui ne suivait pas forcément la messe non plus, d'ailleurs, trop occupée à les surveiller. Maintenant, Carmin est toute seule, et elle ne trouve pas très drôle. Alors, pour s'occuper, elle écoute. Elle regarde autour d'elle, essaie de décrypter les peintures qui ne sont pas tout à fait effacées. Elle les imagine devenir réels, sortir de leur mur blanc pour jouer une scène devant ses yeux. Et enfin, seulement, les mots du prêtre prennent sens.
Et puis, il y a un problème à la mine. Carmin ne comprend pas, elle est malade d'un coup, et elle n'est pas la seule. Sa tête la tire, elle a du mal a marcher. Rocha l'orgueilleux n'a plus rien de ce qu'on connaissait de lui. Sa femme titube, il est le seul à s'en sortir avec un mal de crâne bien solide. Mais son fils est absent, serait-il mort qu'il ne le saurait pas. Et sa fille semble à deux doigts de le rejoindre. Carmin, quand ses yeux ne sont plus trop lourds, voit les larmes sur les joues de son père. Elle le voit s'agenouiller à côté de son lit à elle, trois fois par jour, tous les jours, marmonner des mots qu'elle ne comprend pas, qui s'emmêlent dans son esprit et s'embrouillent ; mais étrangement c'est assez agréable, comme une douce chanson que sa grand-mère lui chante avant de s'endormir. La fièvre monte, puis descend, avant de remonter en flèche. Le médecin n'en finit plus d'être presque là et finit par ne jamais venir. La malédiction s'est abattue sur le village sans que personne ne s'y attende. Et le père Rocha a tout le temps d'y repenser pendant qu'il prie, et regretter de ne pas avoir compris les signes pourtant flagrants - qu'il dit. Son souffle se coupe quand il croise le regard de sa petite qui, d'un oeil larmoyant, réclame un câlin de son papi qu'elle aime et qu'il craint de ce ne soit la dernière étreinte qu'il lui donne. Alors il la serre contre lui, doucement, il ne sait jamais comment s'y prendre. Il aimerait la serrer contre son coeur, fort fort, la faire se fondre contre ses épaules apparemment assez solide pour supporter ce gaz qui l'empoisonne, elle. Mais elle est comme une poupée de porcelaine entre ses bras, et pour un pauvre paysan comme lui ça ne veut pas dire grand chose, il en casserait des milliers, des poupées de porcelaine si ça pouvait sauver sa petite. Elle est frêle, elle est faible, il a peur de la briser. Alors il la berce doucement, murmurant des prières mêlées à ses inquiétudes et des mots rassurants, pour se rassurer lui-même plus qu'elle. Son souffle s'épuise, elle veut respirer l'air pur d'ailleurs mais plus rien n'est accessible. Rocha attend un miracle. Quatre mois plus tard, il est persuadé que le miracle est arrivé. Il a entendu ces histoires de dons auxquelles il n'a pas cru. Pour lui, sa fille n'a pas été sauvée par un charlatant guérisseur -même si c'est censé être lui - mais par un rayon divin. Et il continue d'agir comme avant, les prières en plus, feintant la cécité face à l'énorme changement qu'a apporté le gaz sur les vies des habitants. Il pousse Carmin à faire comme lui ; tu vois, petite, il faut pas oublier grâce à qui ni comment tu as survécu, comment t'en es arrivée là.
Aujourd'hui, ça fait plus de dix ans que c'est comme ça. Depuis qu'elle est guérie, Carmin a pas vraiment l'impression que quoi que ce soit ait changé. C'est toujours la même situation, rien ne bouge. Il y a des fous qui viennent s'enfermer sciemment ici. De leur plein gré. Il y en a qui ont voulu partir, et qui y sont restés. Ils y ont laissé leur corps, leur âme, leur vie. Les Rocha, ont dit d'eux qu'ils ont la foi. Faut dire qu'ils ont pas grand chose d'autre. Ils attirent, à cause du don de Carmin. Ils ne savent pas forcément que c'est grâce à elle, mais c'est un fait, les gens le savent, y'a à manger sur leur petit bout de terre, et si certains restent honnêtes et viennent les voir sur le marché, ils se font régulièrement piller. Carmin, c'est la gosse Rocha. ça fait longtemps qu'on ne parle plus d'Ernesto, quand on en entend encore en parler, c'est des voisins pour en rigoler. "tu te souviens, toi, du petit Rocha, le petit branleur, qu'a crevé en allant voir ailleurs ? On est p'tet mieux ici." Elle, elle n'y croit pas. Quelque part, elle attend toujours ses lettres, pour prouver à tout le monde qu'il a bel et bien réussi. Elle lui a inventé mille et unes excuses, elle se l'est imaginé, face à elle, avec et sans masque à gaz, lui expliquant pourquoi. Elle se dit que ces choses là, ça se ressent. Si son frère était mort, elle le saurait. Mais rien ne vient. Des fois, elle arrête d'y croire. Ses parents ne disent plus rien à son sujet, c'est comme si le monde l'avait oublié. Effacé dans un coup de vent. La gosse Rocha, disent les gens, elle pense pas d'elle-même. Tu la vois, prier à côté de son père, tu l'aperçois, faire les comptes sur le marché derrière son père, tu la devines, à se casser le dos pour récolter les fruits sous l'oeil aguerri de son père. Mais Carmin, dès qu'elle peut, elle s'échappe. Elle marche, souvent vers les mêmes endroit, là où ses parents ne vont pas. Là où on ne la voit pas. Elle s'assoit, parfois pendant des heures, avec ses pensées. Elle lit, aussi. Elle trouve des livres abîmés, qu'on a du jeter, et elle les dévore avec une passion que peu lui connaissent. Et peu la connaissent, en vérité. On s'arrête au regard imposant de son père, à sa réputation d'enfant de choeur, à la douceur naïve de sa mère. On pense qu'elle est un mélange parfait des trois, on la voit avec une belle robe usée, bien coiffée pour aller à l'église, on la voit pleine de terre dans les champs, on la voit se fondre parmi les marchands sur la place du village. On oublie son prénom. Et puis, quand on s'en rappelle, on rit un peu, comme à une bonne blague racontée il y a longtemps à laquelle on sourit toujours. On rarement aussi mal porté un prénom.
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| ( #) Sam 11 Jan 2014 - 17:14 | |
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| ( #) Sam 11 Jan 2014 - 18:32 ooh, ça fait plaisir de te voir par ici même si j'ai même pas l'effet de surprise -merci mel-. ton avatar est sublime. réserve-moi un lien, t'as pas le choix. :smoke: bienvenue et bon courage pour la fin de ta fiche. (ses yeux sur ton avatar, ohlala) | |
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| ( #) Sam 11 Jan 2014 - 19:05 Mel, le doigt de Cleb sur ton avatar correspond trop bien à Carmin Merci merci, je vous attends avec impatience ; en même temps j'ai tellement du taire mon arrivée imminente non plus ahah Oui, ses yeux, mais ils sont captivants, c'est dingue | |
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♆ MALÉDICTIONS LANCÉES : 464
♆ PSEUDO : AMIANTE.
♆ AVATAR : CILLIAN MURPHY.
♆ ALIGNEMENT MORAL : CHAOTIQUE BON
♆ PERDITION : FABRICATION DE SOUVENIRS.
♆ ENNUI TROMPÉ : FIGURE PATERNELLE DES ENFANTS VOLEURS. SAINT PATRON DES ORPHELINS. LES BONNES INTENTIONS SE SONT ÉRODÉES AVEC LA POUSSIÈRE. IL LEUR A TOUT APPRIS, LES DOIGTS MAGIQUES POUR DÉTROUSSER SANS SE FAIRE ATTRAPER, LA SOLIDARITÉ DANS LE BUTIN QU’ILS PARTAGENT ET MÊME LES VICES AU CREUX DES DRAPS.
| ( #) Dim 12 Jan 2014 - 6:47 | Atílio Lampião |
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| ( #) Dim 12 Jan 2014 - 16:39 Eh oui, si il faut sacrifier une vierge, Carmin est là Merci beaucoup | |
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| ( #) Dim 12 Jan 2014 - 21:28 Elle est belle ta carmin, comme la couleur. Je lui souhaite de pouvoir s'évader un jour la belle carmin. bonne chance pour ta fiche et bienvenue. | |
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| ( #) Dim 12 Jan 2014 - 22:19 Oh, merci | |
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| ( #) Ven 17 Jan 2014 - 3:45 bienvenue à São Poeira la vie est finie, mais tu survis. oh, je l'aime. je l'aime et j'aime tes mots. c'est léger, doux, c'est finement bien raconté. la fin est également superbe, qu'importe ce que tu peux dire à ce sujet là j'exige déjà un lien avec cleb ou alors joão, selon ton choix j'avoue que pour le groupe, j'hésite un peu, mais pour l'instant, elle est plus lumière endormie que lumière, donc va pour errant. si jamais elle devient lumière - parce qu'elle le peut, je le sens - tu pourras faire un changement de groupe Il y a ce sourire, là, si grand, si laid, sur ses lèvres gercées par les morsures et le sang versé. Il t'observe, là, le torse ouvert, le coeur entre ses mains, maintenant. Plus rien ne t'appartient ; tu es à lui tout entier, maintenant, qu'importe ce que tu choisis de faire. Ses ongles, si abîmés, s'enfoncent dans ton pauvre coeur et y glisse son venin. La malédiction est lancée ; te voilà captivé. les liens utiles ♆ VOS LIENS ♆ POUR LES DIVERSES DEMANDES ♆ REGISTRE DES EMPLOIS ♆ LA VILLE ♆ LES POUVOIRS ♆ LE BOTTIN ♆ LES INTRIGUES & ÉVÉNEMENTS ♆ LES ANNONCES | |
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